L'AGROFORESTERIE EN SEINE-ET-MARNE

UNE PRATIQUE AGRO-ÉCOLOGIQUE EN PLEIN ESSOR

Salon de l'Agriculture 2020 : Rémi Seingier, agriculteur Seine-et-Marnais, reçoit le premier prix national d'agroforesterie.

 

Agroforesterie en Seine-et-Marne - Ferme de Chalmont, Fleury en Bière
Agroforesterie en Seine-et-Marne - Ferme de Chalmont, Fleury en Bière © Agrof'Ile

A l’occasion du Salon de l’Agriculture qui s’est déroulé fin février, 24 agriculteurs et éleveurs ont été récompensés pour l’excellence de leurs pratiques agro-écologiques et leurs démarches pionnières au Concours Général Agricole. Parmi eux, Rémi Seingier, Agriculteur Seine-et-Marnais (Ferme La Fabrique Végétale) à Lumigny-Nesles-Ormeaux (15 km au sud-ouest de Coulommiers), recevait le 1er prix d’équilibre agro-écologique dans la catégorie AgroforesterieIl a en effet mis en place un système agroforestier dans une exploitation en grandes cultures, accompagné d’arbustes à petits fruits et des plantes aromatiques et médicinales. 

L’agroforesterie a pour principe d’associer arbres et plantes cultivées ou pâturages, sur la même parcelle agricole, pour notamment favoriser la biodiversité, protéger et enrichir les sols.

Le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation définit l’agroforesterie comme "un système dynamique de gestion des ressources naturelles reposant sur des fondements écologiques qui intègrent des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage rural ". Il "permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l’ensemble des utilisateurs de la terre ".

Elle prend différentes formes : constitution de haies bocagères, exploitation de prés-vergers et alignement intra-parcellaire entre des cultures.

L’agroforesterie intraparcellaire ou « moderne » introduit volontairement des lignes d’arbres forestiers ou fruitiers au cœur des parcelles agricoles, en tenant compte de la mécanisation.

Avec 10 000 pieds (19 essences d'arbres, 34 essences d'arbustes, pour un linéaire total de 10 km) plantés en 5 ans, une rotation de 6 ans de 10 cultures céréalières et oléagineuses, en fonction des opportunités et des conditions climatiques, Rémi Seingier pratique l'agroforesterie intraparcellaire. 

L’agroforesterie peut s’implanter dans tout type de culture du sol : dans des champs cultivés, dans une exploitation maraichère ou même adossée à la viticulture. Les bénéfices de cette pratique ancienne mais souvent abandonnée, sont nombreux, tant en matière "strictement agricole" qu'en terme environnementaux.

 

BÉNÉFICES AGRICOLES DE L'AGROFORESTERIE

 

Du point de vue agricole, cette pratique permet, sans entrainer de baisses de rendement à moyen et à long terme pour l’exploitation, de :

-   Faire remonter les composés physico-chimiques du sol grâce au système racinaire des arbres, et éviter les intrants chimiques,

-   Limiter les besoins des cultures en eau, et ralentir l’assèchement et le lessivage du sol,

-   Créer un effet brise vent, ce qui permet d’écrêter les conditions météorologiques extrêmes l’hiver comme l’été et limiter les coups de chaleur sur les cultures,

-   Favoriser la présence d’auxiliaires de cultures (pollinisateurs) et de prédateurs de ravageurs,

-   Enrichir les sols (y compris par la pratique du BRF) et lutter contre leur érosion et leur ravinement grâce aux racines des arbres,

-   Diversifier les cultures et réduire leurs fragilités face aux attaques de nuisibles et maladies, et sécuriser la valeur globale des productions de l’exploitation (volatilité des marchés agricoles),

-   Augmenter la valeur de l'exploitation par la culture à long terme (40 à 50 ans) d'essences valorisées en bois d’œuvre.

 

BÉNÉFICES ENVIRONNEMENTAUX DE L'AGROFORESTERIE

 

Du point de vue environnemental, la pratique agroforestière, offre des services d’intérêt général. Elle est un moyen d'enrichir l'environnement et de :

-     Favoriser la biodiversité en créant des continuités écologiques en milieu rural et agricole,

-     Apporter diversité et qualité au paysage rural,

-     Contribuer à l‘épuration de l’eau,

-     Créer un stockage de carbone, contribuant à réduire l’effet de serre.

 

UNE PRATIQUE AGRO-ÉCOLOGIQUE EN ESSOR EN SEINE-ET-MARNE

 

Et si Rémi Seingier s’est appuyé sur de solides connaissances en paysage et des exemples vus à l’étranger, les références se multiplient en Seine-et-Marne, et plus largement dans la Région. On compte en Ile-de-France 29 exploitations qui pratiquent l'agroforesterie et 25 futurs projets recensés, dont 17 exploitations en Seine-et-Marne et autant en projets*.

Grâce à l’association d’une démarche de conception paysagère à l’implantation du projet, l’agroforesterie peut en effet se fondre dans toutes les caractéristiques locales et diversifier les ambiances paysagères des milieux agricoles.

Elle peut également moduler des vues dans un paysage agricole ouvert. La création d’une structure arborée régulière insère dans le champ visuel une strate qui permet d’atténuer la trace, notamment,  des grandes infrastructures électriques qui traversent la Seine-et-Marne.

Ainsi, l’implantation d’un projet de méthanisation nécessite de croiser les enjeux pour s’adapter à l’activité agricole, pour choisir des arbres adaptés aux qualités du sol et pour inclure une vision plus large du contexte et du paysage alentour intégrée.

Afin de réaliser leur projet, les agriculteurs peuvent profiter d’un réseau aujourd’hui bien constitué pour les appuyer :

- les chambres d’agriculture ont monté avec l’association Afac-Agroforesterie le programme REUNIR-AF Réseau National pour l’Agroforesterie, qui apporte son expertise pour pousser à l’intégration des pratiques agroforestiers dans les politiques publiques, mais aussi pour aider les agricultures à s’approprier ces pratiques. Le réseau est notamment en charge de la promotion de la filière au travers du concours général agricole.

- le réseau de l’association Agrof’ïle, accompagne les agriculteurs dans de nouvelles pratiques et diffuse les témoignages et les expérimentations notamment en viticulture, à travers la Seine-et-Marne à Vaux-le-Vicomte ou à Chelles.

Des aides européennes sont mobilisables pour les plantations d'arbres ou d'arbustes et des financements privés sont possibles ou à inventer (via des opérations de crowdfunding). 

 

[*]- Source : La Seine-et-Marne moteur de l’agroforesterie francilienne , Le Parisien 24/02/2020 

 

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INFORMATIONS

> Retrouvez un entretien de Rémi Seingier (Décembre 2019 sur RFI)

 

 

> Retrouvez le   Dossier Afroforesterie (Paysages Actualités - Mai 2019) - Yaël Haddad et Laurent Miguet 

 

 

Le CAUE77  - via son site connexe Arbres 77 -  a plusieurs fois mis en lumière cette pratique qui renouvelle la place de l’arbre dans le monde agricole, transforme nos paysages et lutte contre la crise climatique :

 

un reportage lors de la plantation au domaine de Courances

 

 

 

une arborencontre consacrée à l’agroforesterie  (29ème Arborencontre du CAUE 77 (Arbres 77) le 5 juin 2014)  Avec : 

 

  • Alain CANNET - Président de lAssociation Française d'AgroForesterie

Qu'est-ce que l'agroforesterie. Définition, intérêts, enjeux - Projection
 Témoignage de Philippe Guillet - Conseiller forestier CRA Pays de la Loire - Vidéo

 

  • Raphaël TREMBLEAU - Centre Régional de la Propriété Forestière

Agroforesterie en Seine-et-Marne. Stratégie d'exploitation et économie - Projection 

 

  • Jennifer LEVAVASSEUR - Direction de l'environnement du Conseil Régional d'Ile-de-France

Agroforesterie. Les mesures d'accompagnement - Projection

 

  • Christophe SOTTEAU - Chargé de mission biodiversité à la Chambre d'Agriculture de Seine-et-Marne

Agroforesterie. Les mesures d'accompagnement - Projection

 

  • Agnès SOURISSEAU - Paysagiste - Directrice de l'Association Agrof’Île

 


 

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