GINKGO
Avez-vous vu le Ginkgo pleurer ?
Un beau matin, à l’approche de l’hiver
j’ai vu pleurer mon arbre !
Quand l’automne a rendu sa parure, précieuse,
que la première froidure, légère,
a figé sur ses feuilles des perles de rosée,
alors, ce matin-là,
sous la tiédeur pâle du soleil naissant,
s’est offert à moi le plus beau des ravissements.
À l’appel de je ne sais quel signal,
Tels des oiseaux entamant leur migration,
celles du haut lançant le mouvement,
toutes les feuilles une à une
dans un élan général,
s’emmêlèrent dans une pluie d’ éventails.
Dans ce ballet matinal
de toutes les feuilles de son corps
j’ai vu pleurer mon arbre.
Larmes de miel et de diamants,
ses habits d’or à son pied,
son squelette dépouillé,
tortueux ligneux calleux
l’arbre nu, dans l’instant,
prit la forme de l’homme
en quête d’espérance
une œuvre de Giacometti
dans la tourmente de ses formes.
D’une brume légère alors
mon regard s’embuait
Mais, l’arbre résiste aux rigueurs de l’hiver.
Toutes feuilles au travers
Dans l’ombrage revenu
je le vois maintenant
glorifiant ses atours,
héberger quelques pies
qui lui font la cour.
Arbre du ciel
Larmes de miel,
J’ai vu revivre mon arbre…
Ozoir la ferrière le 21 juin 2005 – nicolle r.